• Le tribunal de Pau rend justice à un chien martyrisé

    Le ministère public demandait une peine de prison avec sursis de cinq à six mois et l'interdiction de possèder un animal domestique à l'avenir. Le tribunal de grande instance de Pau a finalement décidé, mardi soir, de condamner l'ancien maître de Victor à une simple amende de 500 € avec sursis pour les mauvais traitements infligés à son chien.

    Le jeune homme de 29 ans, domicilié à Mauléon, se voit effectivement retirer le droit à la possession d'un animal de compagnie. Et devra, en outre, verser des dommages et intérêts à la SPA (locale et nationale) ainsi qu'à la Fondation Brigitte Bardot. Des structures emblématiques de la défense de la cause animale qui se sont portées parties civiles dans cette triste affaire.

    Les faits remontent au 21 avril dernier, en Soule. Ce jour-là, Victor - qui s'appelle alors Rox - est trouvé gisant sur le bitume, en plein centre de Mauléon. À 6 ans, le haut labrador de six ans, croisé de patou des Pyrénées, devrait faire 40 bons kilos. Il n'en pèse plus que 19. Et son pelage terne ne peut masquer le fragile squelette d'un animal famélique à bout de forces.

    La police municipale, puis la brigade locale de gendarmerie, mène donc l'enquête. Avec succès. Très vite, un témoin désigne un appartement du bourg.

    Privations de nourriture

    Le propriétaire, un jeune homme à la santé précaire, mal sorti d'un divorce, chômeur, est identifié. Il avoue. Depuis trois mois, le chien souffrait de privations de nourriture et ne sortait pratiquement plus, même pour les besoins. Mais pire, dans un accès de colère, son maître avait fini par le jeter par la fenêtre. C'était le 21 avril. Croyait-il vraiment que son compagnon de misère était mort comme il l'a d'abord prétendu ?

    Le tribunal n'a pas eu l'occasion de lui poser la question, hier. Le Mauléonnais, dont la cruauté a suscité un vif émoi bien au-delà de la Soule - une pétition a réuni plus de 16 000 signatures sur Internet -, n'a pas jugé bon de se présenter devant ses juges, ni de se faire représenter. Une faute inexcusable de plus, aux yeux du ministère public comme des parties civiles. Me Tucoo Chalat, pour la SPA du Béarn y voit un « signe de lâcheté » de trop. « Ce chien, c'était un exécutoire ! Plutôt que d'aller voir un psychiatre, on lance son chien par la fenêtre ! Un animal sans défense ! Et puis, on part à la pêche comme si de rien n'était…»

    Et d'en conclure, indigné, qu'«il y a des animaux qui font preuve de plus d'humanité que certains humains». Me Leverbe, représentant 30 millions d'amis et la Confédération des SPA, puis Me Spiteri pour la Fondation Brigitte Bardot enfonceront ensuite le clou en invitant le tribunal à se montrer ferme, dans un souci pédagogique. Le jugement a pu les surprendre, mardi soir.

    «Il y a des animaux qui font preuve de plus d'humanité que certains humains»

    Des plaidoiries, Victor n'a naturellement rien entendu. Mais sur les marches du palais de justice, celle qui veille désormais sur lui, Marianne Mondon, assure qu'il peut se passer de pareille « thérapie ». « Quand il entend une voix d'homme un peu forte, il a encore tendance à se coucher à terre. Mais il n'est pas vraiment traumatisé. C'est un chien très gentil, très sociable. On me dit souvent qu'il a « une bonne tête » ! »

    Victor le labrador martyrisé a retrouvé une allure athlétique et son poids de forme, avec 37 kg. Beaucoup mieux nourri, son pelage a viré du blanc pâle à un beige doré. Il est méconnaissable. Seul son nom, n'a pas changé. «Victor, c'est le nom que ceux qui l'ont trouvé dans la rue lui ont donné. Je l'ai gardé, explique Marianne Mondon, gendarme à Mauléon, parce qu'il lui va bien. »

     


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